Dans les mains de Grünewald / ou / Polyptyque des résurgences grünevaldiennes

Dispositifs entre centralité et périphérie : isoler ou assembler

Maquette d'étude, dispositif central, avant-projet pour un hommage à Matthias Grünewald, 2022, échelle 1/33ème, musée Unterlinden, Colmar, France

 

Ce document a pour but de confronter quelques possibilités de monstration exposées dans leur concept par l’intermédiaire de la 3D où nous avons d'ailleurs testé la lumière extérieure à la salle dans la première et dernière image. Cette simulation de l’Ackerhof est réalisée à partir des données disponibles sur le site web du musée d’Unterlinden.

À ce stade du projet, deux grands principes scénographiques bien distincts pourraient être envisagés pour la présentation du polyptyque Résurgences. Mais dans les deux cas ils donneraient une place privilégiée au 1er tableau de cet ensemble, intitulé Dans les mains de Grünewald, ou Grünewaldien, puisqu’il est clairement à l’origine du projet.

  

Le premier dispositif joue sur la centralité du lieu en alignant les cinq tableaux selon un axe de présentation comparable à celui du Retable d’Issenheim. Ce faisant, le public découvrirait cette « crucifixion » contemporaine avec en tête une double référence. D’une part, dès son entrée dans la salle, l’inscription du polyptyque « démembré » dans l’espace central de l’Ackerhof rappelle immédiatement l’installation de l’œuvre de Matthias Grünewald dans la chapelle. D’autre part, la citation du Christ du maître allemand est explicitement présente dans le tableau lui rendant hommage. Plusieurs possibilités d’accrochage en périphérie viendraient ensuite compléter ce dispositif de base avec des variables mettant en avant la diversité ou la continuité des idées selon les contenus thématiques retenus et leurs corollaires techniques.

Le deuxième dispositif joue, a contrario, directement sur l’espace en périphérie en montrant le polyptyque sur le grand mur de droite, propice pour accueillir le regard du spectateur entrant sur la gauche lorsqu’il accède à la salle. La concentration des images dans un accrochage plutôt serré des peintures renforce simultanément l’unité de l’ensemble et le choc des contrastes. La crucifixion serait alors au centre du polyptyque. Sur le mur lui faisant face seraient présentés un ensemble d’oeuvres récentes, regroupées sous le terme générique Histoires, et sur le mur du fond un nouveau diptyque, Les Fils couronnés. Techniques et échelles de représentation seraient comparables pour tous les tableaux afin d’assurer une homogénéité à l’ensemble en établissant un juste équilibre entre murs périphériques et vide central de la salle.

 

Choisir entre ces deux approches requiert sans doute une définition plus fine des attendus du projet avec les différents intervenants du musée et la société Schongauer. Mais probablement, ce qu’on peut d’ores et déjà évaluer à la lumière de ces esquisses en 3D, c’est que le premier dispositif pourrait entraîner une approche potentiellement discursive de la peinture quand le second dispositif proposerait plutôt une ambiance immersive dans la peinture.  

Pour le public, regards et déplacements seraient différents d’une installation à l’autre et induiraient des perceptions nuancées quant aux rapprochements qui pourraient être faits avec le chef d’œuvre de Grünewald. Mais quel que soit le choix qui pourrait être retenu, cette référence reste un élément fondamental dans les scénographies suggérées afin d’ouvrir un vrai dialogue dans le récit pictural que je propose de mettre en place au musée d’Unterlinden pour accompagner avec ma peinture la prochaine publication sur le Retable d’Issenheim.

 

PG 2022